De 1740 à 1748, l'Europe est secouée par la guerre de succession d'Autriche. Opposant tout d'abord l'Autriche et la Prusse, le conflit s'étend rapidement à la France, la Grande Bretagne, la Hollande, ou encore l'Italie, par des jeux d'alliances et d'intérêts communs ou divergents selon les nations impliquées. La guerre s'étend même jusqu'en Inde, aux Antilles, et en Amérique du Nord, où les comptoirs commerciaux et les colonies abondent. 400 000 morts et 8 ans plus tard, la situation n'a guère évoluée, et l'on ne sait plus très bien pourquoi l'on se bat. Un traité est finalement signé à Aix-la-Chapelle, qui ne satisfait personne et laisse de lourds contentieux militaires et commerciaux entre notamment la France et l'Angleterre[1].
Quoiqu'il en soit, ce traité (propagande oblige) est considéré par la France et par l'Angleterre comme une victoire. En France, Louis XV commande à Jean-Philippe Rameau une pastorale héroïque, Naïs, qui est jouée le 22 avril 1749. Quant à l'Angleterre, elle fait bien sûr appel au très estimé Georges-Frédéric Haendel, qui a alors sa carrière derrière lui, de l'argent, une renommée internationale, et quelques 64 printemps, soit deux de moins que son homologue français Rameau. Le 27 avril 1749 est donc jouée la « musique pour les feux d'artifices royaux ».
Haendel avait tout d'abord conçu cette œuvre pour un orchestre complet, mais le duc John Montagu lui imposa de supprimer les cordes, le roi George II ayant une préférence marquée pour les vents et les percussions. 6 jours avant la représentation, la seule répétition de l'œuvre fut suivie par près de 12 000 personnes, ce qui provoqua des embouteillages monstres de carrosses dans les rues de Londres ! Enfin, le 27 avril, la musique pour les feux d'artifices royaux est donnée : un spectacle pyrotechnique de grande ampleur est prévu en plein milieu de la Tamise, les percussions étant censées masquer en partie les détonations des fusées. Si la musique est un succès, il n'en va toutefois pas autant des feux d'artifices : le temps est humide, et un tir de fusée raté provoque un incendie sur un pavillon de Green Park.
L'œuvre d'Haendel, en 5 parties, est un condensé de musique martiale, pleine de pompe et d'apparat, qui laisse toutefois la place à quelques passages plus subtils. Ironie du sort, cette célébration toute anglaise débute avec une ouverture à la française, une forme musicale alors largement utilisée, qui fait suivre une première partie lente et cérémonieuse, puis une seconde vive et rythmée.
1. La guerre de succession d'Autriche n'a d'ailleurs rien réglé, bien au contraire : l'Europe s'embrasera de nouveau en 1756 pour la guerre de sept ans, aujourd'hui considérée comme la première guerre mondiale entre deux nations, la France et l'Angleterre, et qui fut la cause de plus d'un million de morts à travers le monde !